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Le Velours Souterrain (International)
30 mars 2007

L'homme à douze doigts, la ganja, and things like those you know

Jeudi 15 mars (suite)

Après un millénaire passé sur notre lit à lire, pour d’aucuns un livre passionnant, et pour d’aucunes un cahier de grammaire russe, nous décidons de partir en quête de la nightlife alligator-pondienne. Pour cela, il s’agit tout d’abord de trouver une personne susceptible de nous informer sur ladite nightlife et sur ses hauts lieux ; après avoir erré dans les couloirs déserts de l’hôtel, je tombe par hasard sur son seul et unique groom, lui aussi occupé à errer. Il me montre une lumière au loin (il fait nuit noire à partir de 18h en Jamaïque), et devant mon air décontenancé, propose de nous y emmener.

Nous revêtons nos atours les plus couvrants pour éviter les piqûres de moustique, et lesdits atours se trouvant être blancs, nous ressemblons bientôt à un couple de sosies d’Eddy Barclay en goguette. Précédés par notre guide, nous suivons le chemin habituel pour arriver à la plage (1. éviter les carcasses de noix de coco qui jonchent le jardin, 2. enjamber une clotûre en fil de fer barbelé, 3. prendre son élan sans toutefois se cogner à ladite clôture, 4. sauter par-dessus une mare d’eau croupie pleine de déchets divers) et nous dirigeons vers une lumière à gauche. Nous apercevons bientôt une sorte de cabane surmontée d’un panneau « BAR » sur lequel sont dessinés des hamburgers et des frites. Hélas, nous sommes séparés de cet oasis par ce qui ressemble à une lagune d’eau de mer croupie, dans laquelle nous avons cependant vu un homme se laver plus tôt dans la journée. Notre guide, imperturbable, nous fait signe de traverser ; devant notre air nigaud, il se lance, et a bientôt de l’eau jusqu’au-dessus des genoux. Martin me demande si je veux vraiment attraper la malaria au lieu de tranquillement rentrer et lire ma bibliographie de mémoire; j’acquiesce et nous entreprenons d’enlever notre harnachement anti-moustiques et de remonter nos pantalons pour traverser.

Arrivés au bar, qui est en fait une grande pièce vide, nous sommes accueillis à bras ouverts par un sympathique personnage en marcel argenté et casquette à motif camouflage ; une dizaine de petites bouteilles sont exposées derrière son comptoir, mais pas une seule ne nous semble familière. Aventuriers jusqu’au bout, nous nous risquons à suivre les conseils du barman, et commandons un Magnum (non non cette fois ce n’est pas une glace, mais bien une boisson alcoolisée) et une bouteille d’eau aromatisée aux fruits. Nous attrapons des chaises qui traînent et partons nous installer devant le bar ; mais à peine avons-nous le temps de dire « on n’est pas mal là » que le barman arrive, sa chaise à la main, et s’installe avec nous. Il nous incite à goûter nos boissons : nous découvrons que le Magnum a un goût de sirop contre la toux, et que l’eau a un goût de sirop Teisseire ; cependant, comme il semble très fier de ces spécialités locales, nous tentons de sourire et d’avaler sans respirer. Johnny commence alors une diatribe sur l’industrie agro-alimentaire jamaïcaine, nous incitant à rapporter des Magnum à nos amis pour qu’à leur tour ils viennent faire du tourisme dans son pays. Emporté par sa fougue d’orateur, il agite les mains frénétiquement ; je me perds dans la contemplation de ses nombreuses bagues, mais suis brusquement tirée de ma rêverie par une vision d’horreur : notre barman a douze doigts ! Martin n’a rien remarqué ; son attention est monopolisée par un problème autrement plus épineux : notre barman serait-il gay ?

Nous sommes tirés de nos réflexions par la question habituelle : wanna smoke ganja ? Etant donné les circonstances, nous sortons de notre réserve habituelle, et acceptons. Notre ami sort un gros sac d’herbe et commence à rouler ; après une discrète observation, Martin aperçoit enfin les excroissances (similaires à des saucisses de cocktails) qui ornent ses auriculaires; reste à résoudre la question de son orientation sexuelle. Un spliff géant à la main, je me lance dans un subtil interrogatoire, qui nous permet d’apprendre que Johnny n’est pas marié, et qu’il habite avec sa famille dans le village; il nous incite d’ailleurs à venir habiter dans son « apartment » la prochaine fois que nous venons, car dans son « block » règne une ambiance « 100% more fun » que dans notre hôtel. Nous acquiesçons poliment, sans oser contrarier ce dangereux affabulateur. Obnubilée par la double question de son orientation sexuelle mais aussi de son âge, je poursuis mon interrogatoire, et lui demande s’il a déjà voyagé. Martin sort de sa léthargie pour me lancer un regard haineux, et je comprends rapidement mon erreur. Après m’avoir expliqué qu’il n’a jamais quitté la Jamaïque faute de « contacts », Johnny m’annonce d’un air réjoui que désormais, il a des amis en France qui pourront l’héberger, « right sista ? ». Alors que je lui réponds en bafouillant que je ne suis pas sûre de retourner en France, il me demande si j’ai des amies qui cherchent un « nice, handsome Jamaican man » ; il n’est donc pas gay ! Je lance à Martin un regard triomphant, mais il semble étrangement accablé.

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Commentaires
G
Mon mail (je pensais qu'il était en lien sur mon pseud mais visiblement non) donc (et ne ris pas ^^) Bombabella (si si ris ^^) @hotmail.com
G
CouCou ^^<br /> <br /> C'est la folle d'hier qui cherchait un 5ème année de Sciences Po :)<br /> <br /> Tout d'abord merci pour ta générosité ;)<br /> <br /> Merci de ton temps, tu as été adorable.<br /> <br /> Je ne l'ai pas trouvé !! <br /> <br /> Faut croire qu'il faut que je tagge moi aussi ;)<br /> <br /> Tu as le choix de me mailer ;)<br /> <br /> A bientôt peut-être.<br /> <br /> BiZoO.
P
Je pense à un autre Johnny qui doit être sacrément accablé d'avoir un homonyme de cet acabit
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